Traverser l’Afrique à pied

Alexandre Poussin est un véritable écrivain-voyageur. Il ne conçoit pas la vie sans voyager ni, à notre grand plaisir, voyager sans écrire. Ici, c’est une véritable épopée qu’il nous livre dans Africa Trek. Un aède avec une plume. Et quelle plume! Il y consigne les expériences vécues au fil de ces 1171 jours partagés avec sa Sonia. Ils ont ensemble marché sur les traces des premiers êtres humains en suivant leur probable parcours sur près de 14000 kilomètres partant du cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud et aboutissant au Mont des Béatitudes en Israël.

Bien plus que de nous plonger dans les pas des premiers hommes c’est un voyage au cœur de la « vraie Afrique » auquel nous sommes conviés. Collés sur la réalité des peuples africains leur ouvrage nous parvient comme une carte postale à trois faces.

La première, là où se retrouve la photo, est celle que tout le monde connaît et est ni plus ni moins un portrait souvent angélique et officiel du pays. Les auteurs nous rappellent cependant à l’ordre tout comme ils ne manquent pas de critiquer la vision souvent remplie de clichés qu’ont les Occidentaux de ce continent. L’image qui nous parvient est soit négative soit folklorisée. Ils y remédient fort bien.

Sur la deuxième face, celle où l’on raconte souvent nos expériences personnelles, les marcheurs y livrent leurs impressions et aventures personnelles et cela sans filtre et sans complaisance. Ils nous parlent entre autre de la difficulté de marcher avec la peur constante d’être attaqué par un lion, de la facilité désarmante de trouver un endroit où dormir à chaque nuit, de l’angoisse de ne pas trouver d’eau, de leurs amitiés, de leurs déceptions (rarement occasionnées par les Africains), etc… Bref, leur parcours relève de l’exploit et c’est un récit fabuleux qui nous garde complètement captifs.

La troisième face de la carte postale, et c’est là toute la majesté de l’œuvre, donne la parole aux Africains et Africaines rencontré(e)s. Alors, mieux vaut faire abstraction de nos idées préconçues et de nos connaissances livresques pour apprécier davantage le récit quotidien authentique de ces populations. Une seule conclusion s’impose : l’être humain est foncièrement bon. Il faut bien l’avouer, ça fait du bien de se le faire dire et démontrer. Les médias ne nous montrent que les plaies des humains, un petit baume est bienvenu.

Bref, leur marche « dans les pas de l’Homme » devient rapidement une marche à l’intérieur de l’Homme. Une introspection de l’humanité à travers les yeux africains.

Pour en savoir plus sur leurs expériences visitez leur site.