Puisque nous voyageons en famille avec deux filles de quatre et six ans, l’idée d’effectuer le fameux trek de trois jours entre Kalaw et le Lac Inlé nous a effleuré l’esprit. Rapidement cependant nous avons reculé et envisagé l’idée de visiter les villages autour de Kalaw et de revenir chaque soir à notre point de départ. Bref, on a choisi de s’arrêter à Kalaw plus longtemps et nous ne l’avons jamais regretté. Voici les cinq raisons qui devraient vous inciter à rester à Kalaw.

1-Les villages autour de Kalaw sont accessibles et accueillants

En faisant le trek de deux ou trois jours jusqu’au Lac Inlé, outre la marche dans un paysage magnifique, les marcheurs auront facilement accès à des villages littéralement sortis d’un autre âge. Sans avoir à marcher trois jours, on ne peut que recommander une randonnée que nous avons particulièrement aimée et qui est au surplus, très réalisable même avec des jeunes enfants.

Le trek de Kalaw à Myinmahti et visite d’une grotte surprenante. Une journée inoubliable.

En partant du centre de Kalaw, dirigez-vous vers la gare. Devant celle-ci, suivez la route qui part vers la droite et qui serpente vers la montagne. Sur cette route suivez les indications pour le Kalaw Princess Hotel. Passez devant cet hôtel luxueux et remarquez, juste après, la toute sympatique Thitaw Lay House. C’est ici que nous avions élu domicile. On vous en parle plus loin. C’est aussi d’ici que débute notre randonnée.

En sortant de l’hôtel, on prend sur la droite pour quelques deux cent mètres avant d’entrer dans cette forêt de pins. Une fois la maison verte contournée par la gauche on progresse lentement sur un chemin de pierre qui au bout de cinq ou six lacets nous mène à un immense et vieil arbre qui invite à se reposer. On poursuit sur la route jusqu’à un Y à environ 200 mètres puis prenons le petit sentier qui descend vers la gauche (si vous poursuivez sur le chemin de pierres vous atteindrez le sommet de la montagne où se trouve, bien sûr, un petit temple et près de 600 marches pour redescendre vers la ville. Très agréable aussi. N’ayez crainte, les chiens ne sont pas méchants. Ne faites que contourner la tour et profitez des vues magnifiques).

Donc, ce petit sentier descend vers une source d’eau puis remonte vers une autre route de pierre. Il est agréable de tendre l’oreille et de se mettre à l’écoute des bruits ambiants. On entend des paysans qui travaillent dans la forêt et ça nous mène vers des rencontres surprenantes, comme cette femme qui coupe inlassablement ce tronc qui semble aussi dur que du roc. Ou cet homme qui est venu y faire paitre ses vaches. Si vous n’êtes pas certains du chemin, ils vous indiqueront.

Une fois de nouveau sur un chemin de pierre, poursuivez vers la gauche jusqu’au village. Vous sortirez tranquillement de la forêt pour arriver en plein moyen âge. Ici, nous sommes au beau milieu des champs cultivés par les villageois et point d’appareil mécanique. Jus de bras et force animale sont les seules formes d’énergie permettant la culture de ces vallées.

Après trois heures de marche, très très lentement, nous parvenons au village de Myintmahti. Dès les premières maisons que nous rencontrons les villageois nous accueillent du traditionnel et permanent sourire birman. Les femmes viennent nous montrer leur progéniture, les hommes sont fiers du travail manuel qu’ils exécutent devant leur maison. On nous offre également des petites bouchées de pâte frite aux haricots. Délicieux! La traversée du village se fait lentement. Il est vraiment charmant et les maisons sont particulièrement jolies.

Au bout de la rue, on rejoint la grande route pavée. Juste sur le coin, on trouve un sympathique restaurant. On s’y est reposé et sustenté.

Bien repus, on poursuit notre marche sur la route, en direction de l’immense temple que l’on voit émerger de la cime des arbres. On nous a dit qu’on pouvait y visiter une grotte avec des bouddhas. Sans plus. On est vraiment surpris de l’ampleur et de la beauté de cette grotte qui doit bien faire près d’un kilomètre. Aussi, et ce n’est pas à négliger, les filles adorent.

Maintenant, comment retourner à Kalaw? Pas question de marcher. On tente l’auto-stop. Sylvain voit une camionnette approcher, il tend les deux bras vers le devant, paumes levées, demandant au chauffeur de bien vouloir s’arrêter. Il s’arrête. Il va à Kalaw et nous invite à monter dans la boite arrière où sont déjà assis une femme et deux jeunes enfants. On est gêné. Cette gêne grandira quand elle nous offrira de l’eau, des gâteaux, des fruits et des biscuits. – « Heu, pardon madame mais c’est vous qui nous rendez service. C’est nous qui devrions vous couvrir de présents. » avons envie de dire. On nous expliquera que nous venons de goûter à l’hospitalité birmane.

Quelle belle journée!

2-Pindaya, la grotte aux 10 000 bouddhas

À environ une heure de voiture de Kalaw se trouve Pindaya, qui veut probablement dire « là où la piété n’a pas de limite ». Non, sans farce, Pindaya réfère à une légende à tous points semblable à celle du Minotaure dans la mythologie grecque. Remplacez Thésée par un prince danou, le minotaure par un ogre-araignée géant et le reste de l’histoire est la même. Le prince libère ses sept filles prisonnière de la toile de l’ogre-araignée. Sans fil d’ariane, le prince aura ici un peu de mal à sortir de la grotte. Pindaya voudrait dire « j’ai tué l’araignée ».

Il faut aller voir cette immense grotte dont les parois sont tapissées de bouddhas, en or pour la plupart. La grotte est perchée dans une montagne et on peut s’y rendre en voiture ou par une longue montée couverte partant du village.

Sous chacun des bouddhas, on peut observer le nom du commanditaire, c’est-à-dire de la personne ou du groupe qui a subventionné la confection et l’installation de la sculpture de bouddha. Il existe actuellement environ 10 000 de ces sculptures et il reste encore beaucoup d’espace sur les parois pour de futurs philanthropes religieux.

Après avoir déambulé presqu’une heure dans ce dédale, ce n’est pas une mauvaise idée de se rendre au village qui borde le lac, arrêt idéal pour une promenade et un repas. Aussi, si vous voulez faire une provision de thé, ici c’est le lieu. Bon, c’est pas la qualité chinoise ou indienne, mais il n’est tout de même pas mal.

3-Le marché des cinq jours de Kalaw

Tous les cinq jours, les villageois des communautés entourant Kalaw viennent y vendre leurs produits. Il en est de même pour quatre autres villages dans les alentours. Le marché des cinq jours de Kalaw nous a agréablement surpris. Il est vrai qu’on est plutôt habitués aux marchés publics d’Asie. N’empêche, c’est toujours le premier endroit qu’on cherche à découvrir en arrivant dans une nouvelle ville. Bien sûr pour trouver des provisions mais également parce que le marché est le cœur et le poumon de la ville. On y sent et respire l’ambiance locale. C’est toujours agréable de déambuler dans les passages étroits, sous les toiles protectrices tendues nonchalamment. Le marché de Kalaw est plutôt calme. Semblable à tous les autres au Myanmar.

Cependant, lorsqu’à tous les cinq jours arrivent les villageois des alentours, l’animation est au rendez-vous et on retrouve une ambiance un peu plus chaotique. Nous avons aussi visité le marché des cinq jours à Nyaung Shwe au Lac Inlé et celui de Kalaw nous a paru beaucoup plus animé.

4-Être logé dans un cadre enchanteur.

Pour être honnête, le centre de la ville de Kalaw est peu attrayant. Une bourgade poussiéreuse et bruyante comme peut l’être une ville bordant un axe routier important. Une population différente aussi. On est dans l’État shan et à voir les jeunes, leurs cheveux, leur tenue et leur allure sur leur moto, on perçoit l’influence de la jeunesse chinoise.

À Kalaw, on retrouve quelques hôtels sans trop de charme et une poignée (de plus en plus) de bons restaurants. L’occasion est donc belle de saisir les opportunités d’hébergement offertes dans les collines entourant Kalaw. Pour un prix très attrayant vous pourrez dormir dans un endroit charmant et relaxant, en pleine nature et à seulement quelques centaines de mètres du centre-ville. Ne serait-ce que pour cela, pour cette pause apaisante, il faut passer quelques nuits à Kalaw.

Nous avions opté pour le Thitaw Lay House, tenu par Marc, un sympathique belge marié à une Birmane. Les chambres sont propres et le cadre est enchanteur et l’auberge possède un jardin dans lequel on peut lire à l’ombre d’un avocatier qui, de temps en temps, nous envoie un de ses projectiles. C’est alors, pour les enfants, la course à « qui trouvera l’avocat en premier ». Il faut ajouter, aux qualités de l’endroit, le personnel des plus sympathique en plus du petit déjeuner, le meilleur que l’on ait mangé au Myanmar. Marc fait son propre pain (aux céréales et aussi aux bananes), son propre yaourt et ses propres confitures. Bref, nous n’avons aucunement regretté d’y avoir séjourné six nuits. On retrouvait beaucoup l’ambiance du Camellia Sinensis à Montréal.

En somme, Kalaw est négligée par les voyageurs. Plus qu’une simple étape avant ou après le trek de trois jours vers le Lac Inlé, cette ville mérite qu’on s’y attarde quelque peu.