Selon nous, l’idée du voyage en famille n’est pas de bouger tous les deux ou trois jours. Les enfants ont besoin de temps pour s’adapter à leur nouvel environnement. Rester cinq, six ou sept jours au même endroit, voir même un mois, permet aux enfants de profiter davantage du voyage. Pour nous, les parents, le « slow travel » est aussi une belle opportunité d’aller au-delà de la pierre, de la brique, des monuments religieux et des ruines et nous tourner davantage vers les gens. Le fameux site historique millénaire du Myanmar se prête tout particulièrement à ce rythme de voyage. Nous avons donc passé une semaine à Bagan en famille, et ce n’était vraiment pas trop.
L’arrivée à Bagan
Nous arrivions de Yangon, via un bus de nuit qui devait prendre une dizaine d’heure pour arriver à destination. Donc, arrivée prévue : 7h du matin. À cinq heures, le bus s’arrête, on entend dans la pénombre le cri pré pubère d’un jeune homme. Bagaaaaaan! Déjà? Dommage, les filles dorment à points fermés. Comme c’est douloureux de réveiller un enfant qui dort. Mais il faut ce qu’il faut.
On est à Nyaung Oo, ville principale de la plaine de Bagan. Malgré le voyage, on a bien dormi dans le bus. Les sièges se couchent presqu’à l’horizontale. On arrive donc en relative forme. Assez en tout cas pour ne pas avoir envie d’aller se blottir dans un lit.
En sortant du bus, les chauffeurs de taxi nous attendent avec des prix exagérés. On négocie. On se fait avoir. N’empêche, ils nous offrent de nous transporter à notre hôtel de New Bagan en s’arrêtant faire l’ascension d’un temple et attendre le lever du soleil. Pourquoi pas! On s’arrête en chemin pour payer notre droit d’entrée sur le site (25 000 Kyats)
Lever de soleil sur Bagan
Le spectacle est à couper le souffle. Observer les milliers de temples, stupas et pagodes émerger de la pénombre est un moment très attendu par Sylvain depuis très longtemps. Et juste comme on croit le spectacle terminé, quelques dizaines de montgolfières apparaissent et croisent l’astre du jour. Parfait!
Après une redescente lente et presque technique, on avance dans cette plaine mythique jusqu’à notre hôtel. Après plusieurs hésitations nous avions opté pour le Kaday Aung Hotel. On y retrouve une piscine avec une eau très froide et à tous les soirs, dans le restaurant, un spectacle de marionnettes qui saura intéresser les petits comme les grands y est présenté. Le personnel, nous attend avec autant de sourires que d’employés. Notre chambre est prête et ils nous offrent le petit déjeuner. Très apprécié. Sustentés, on prend possession de nos quartiers. Sylvain vide les sacs et diverti les filles pendant qu’Annie passe deux heures et demi à laver le linge dans la baignoire. (85 morceaux exactement).
On est prêt Bagan! Qu’as-tu à nous offrir?
Bagan, un peu d’histoire
La plaine de Bagan est peuplée dès le troisième siècle avant J.C. par les Pyus puis les Môns qui y introduiront le bouddhisme Theravada. Au IXe siècle, les Bamars (birmans) s’y installeront afin de fonder le premier Royaume birman. Ils finiront par contrôler totalement la région quelque 200 ans plus tard sous la domination du roi Anawrahta.
C’est sous sa gouverne que Bagan, devenue capitale du Royaume birman, connaîtra son âge d’or et que débutera la construction des milliers de temples, pagodes et stoûpas au prix probable de la forêt environnante, tous ces monuments religieux étant faits de briques cuites. C’est le même roi qui fixera la pratique du bouddhisme theravada en interdisant les cultes étrangers comme le tantrisme ou même la forme mahayana du bouddhisme.
La fin du règne de Anawrahta marquera le début du déclin des Birmans qui laisseront les envahisseurs Mongols envahir presque sans combattre la plaine au XIIIe siècle, préservant du même coup les monuments religieux de la destruction, à notre plus grand bonheur.
Résider à Nyaung U ou New Bagan? New Bagan sans hésiter.
Lors de nos recherches afin de décider où nous allions élire domicile à Bagan, rien ne nous permettait de prendre une décision éclairée. Quand on visite Bagan, on a le choix entre Nyaung U et New Bagan (il y a aussi quelques hôtels de luxe à Old Bagan . Nous le disons sans hésiter, nous conseillons New Bagan.
Nyaung U
Nyaung U est une petite bourgade poussiéreuse et animée d’où partent et arrivent tous les transports vers le pays. La plupart des hôtels bon marché s’y trouvent ainsi que quelques hôtels un peu plus luxueux. Le marché relativement animé ainsi que la fameuse pagode Shwezigon en sont les principales attractions. Malheureusement, la coupole dorée de la pagode était couverte pour entretien. Nous avons marché une demi-journée dans Nyaung U et rien ne nous a particulièrement marqué, sauf peut-être la poussière.
La partie la plus intéressante a été le transport pour nous y rendre. Nous avons pris le « bus » public. Marquant pour les filles. D’abord, nous avons attendu sur le côté de la route à New Bagan. On arrêtait toutes les camionnettes en demandant au chauffeur « Nyaung U? ». On n’a pas compris le concept de ce qui est ou non une camionnette publique. La dame de l’information touristique non plus apparemment car elle nous a très mal renseigné nous disant qu’il était impossible d’aller directement à Nyaung U, qu’il fallait changer de camionnette à Old Bagan. Elle était sur le bord de la route quand le chauffeur lui a indiqué qu’il allait bel et bien jusqu’à notre destination et pour la moitié du prix qu’elle nous avait indiqué. La morale de cette histoire? Ne pas se fier aux bureaux d’informations touristiques au Myanmar, contentez-vous d’y prendre une carte du lieu visité.
Donc, les filles et Sylvain se serrent sur le siège avant tandis qu’Annie s’entasse avec la foule à l’arrière. Rustique. Le retour sera du même ordre sauf qu’il a fallu trouver l’endroit où le bus attendait. Un truc pour avoir des bonnes informations. Arrêtez un cocher, dites-lui que vous voulez aller dans une ville à 10 km. Il refusera car c’est trop loin mais il répondra à toutes vos questions selon son niveau d’anglais. Pour nous, il n’avait besoin que de comprendre le mot « bus » et de savoir pointer du doigt.
Cette fois, on est tous entassés à l’arrière et bien entendu nous sommes l’attraction du voyage. Comme nous aimerions comprendre tout ce qu’ils disent sur nous. Nous sommes cependant convaincus, vraiment convaincus, qu’ils ne disent rien de mal. Les femmes surtout sont très curieuses et affectueuses envers les filles.
New Bagan, notre choix coup de cœur.
Au début des années 90, le gouvernement birman décide, par mesure de protection des temples et par souci de contrôler le développement du tourisme haut de gamme, d’exproprier tous les habitants du village de Bagan vers un petit oasis à environ cinq kilomètres en amont de l’Irrawaddy. Dès lors, on distinguera Old Bagan de New Bagan.
Ce que ces paysans ont fait de leur nouvelle ville est absolument charmant. New Bagan est organisée selon un modèle en damier et presque toutes les rues sont couvertes d’immenses arbres dont les ombres apportent une petite fraicheur bienvenue. Seulement quelques rues sont pavées.
Les habitations sont à proximité permettant aux curieux que nous sommes d’observer la vie quotidienne des gens, rendant ainsi une simple promenade en expérience inoubliable. Et pour ajouter à cela, ici les gens sont les plus gentils qu’on ait rencontrés. Les sourires et les mingalabar (bonjour) fusent de toutes parts. Quand une mère ou une grand-mère assise tout près de la rue nous voit, il n’est pas rare que toute la famille et le voisinage vienne à notre rencontre. Les plaisirs de voyager avec des enfants. N’ayez crainte, les sourires, les mingalabar et les jesuba(merci) sont toujours de mise même si vous voyagez en solitaire.
Sur la rue principale, entre le marché et l’intersection de la route qui longe le fleuve (sans jamais le voir), il existe même un petit centre-ville relativement attrayant, quoique poussiéreux et bruyant. D’autant plus que commencent à s’ouvrir quelques restaurants, cette rue deviendra selon nous très animée assez vite. Y’a même une jeunesse locale branchée qui s’y retrouve dans les salons de thé. Le restaurant que nous avons préféré est le Black Rose, pour le service. Y’a aussi le Cho Pho (offre un service de guide et taxi privé) pour la bouffe, le service et le spectacle de marionnettes.
Comment visiter les temples à Bagan?
Naturellement, si vous allez à Bagan c’est pour visiter les temples. Ils sont partout mais il faut quand même organiser un peu votre visite. Nous avons planifié de varier nos transports.
Visiter Bagan en calèche
La première journée dédiée aux temples, afin de contenter les filles qui les regardent et les réclament depuis notre arrivée, on utilise une calèche. C’est lent et inconfortable certes mais on a l’impression d’aller à un rythme qui plairait aux anciens, contemporains à la construction de tous ces monuments religieux. De plus, la calèche est encore un moyen de transport utilisé par les locaux. On visite alors les temples entre New Bagan et Old Bagan, ainsi que l’immense temple Ananda. C’est en visitant ce temple que nous trouvons la source de ce chant qui parvient jusqu’à notre hôtel, à cinq kilomètres. Ici, depuis plus de 36 ans sans interruption, des moines récitent dans un micro, des vers d’écrits bouddhiques. Ça crée l’ambiance.
Visiter Bagan en taxi
Une deuxième journée, question de se protéger du soleil et de voir plus rapidement les temples les plus importants, on loue les services d’un taxi pour cinq heures (22 000 Kyats; 22$CAD). L’avantage, en plus d’aller plus rapidement c’est que le chauffeur connait certains temples peu fréquentés sur lesquels il est encore possible de grimper. Pratique et surtout les filles adorent.
Pour les faire apprécier davantage, on joue un peu aux Mystérieuses Cités d’or. Premièrement, on leur dit qu’Esteban, Zia et leurs amis sont venus jusqu’ici. Floriane a même trouvé des écriteaux de Mu que seul Tao peut déchiffrer. Ensuite, on les fait rechercher les passages « secrets » qui nous mènent sur les terrasses des temples. Ces escaliers étroits et obscurs sont parfaits pour créer une magie autour de notre visite. Elles adorent. On adore qu’elles adorent.
Visiter Bagan en e-bike
Une troisième journée, on fait l’expérience « e-bike ». Ce sont ces petits scooters qui ont la capacité électrique de nous mener où nous voulons dans la plaine pendant une journée entière. La conduite dans le sable étant un peu délicate, nous préférons nous en tenir à une seule « moto ». Sylvain fera tour à tour visiter quelques autres temples aux filles. La conduite est facile. Lors de la location, la première chose qu’on vous montre c’est la position du klaxon. Ici, il est beaucoup utilisé mais seulement afin d’avertir la personne devant (piéton, vélo, cocher ou motocycliste) qu’on est là, prêt à doubler. Plutôt utile en « e-bike » car ils sont totalement silencieux.
Conseil pour la visite des temples de Bagan en famille
Si on peut se permettre un seul conseil pour visiter les temples ça serait de prendre votre temps. De faire des demi-journées. De profiter de la belle lumière du début et de fin de journée. Honnêtement, quand on a vu un temple, on les a tous vu. Partagez-vous la garde des enfants, prenez un livre, un thermos de thé, un petit coussin et votre duo chapeau/lunette soleil, restez assis, perchés dans les hauteurs d’un temple et profitez de cette vue mystique. On préfère prendre beaucoup de temps pour en faire peu plutôt que de prendre peu de temps pour tenter de tout faire.
Bonjour,
Pourriez-vous m’indiquer si l’entrée du site de Bagan était payant pour les enfants ?
Merci beaucoup pour votre réponse.
Bonjour Claire. Ça fait maintenant trois ans et la mémoire flanche. Mais je dirais non. En général, en Birmanie, les enfants sont rois. Ils ne payent pas. Si vous partez bientôt, je vous souhaite un excellent voyage dans ce merveilleux pays.
Hello,
J’aime beaucoup découvrir l’histoire d’un pays, je trouve que c’est très important de la connaître en même temps que de le visiter. Les images de votre article sont magnifiques, j’ai toujours eu envie de voir des endroits comme ceux-ci.